A comme Abîme.
A.
A. C’était son nom : A. A comme arbre, comme assassin, comme ange… Mais il n’était pas un arbre : la vie serait trop simple. Ni un assassin, du moins pas encore. Ni un ange car la gentillesse l’agaçait au plus haut point. Non, il était un humain. Un garçon de 16 ans qu’on appelait A. A comme abîme, puisqu’il était né au plus profond de l’abîme, au fin fond du monde : au cœur de la zone R. R comme rêve ? Non. Ça aurait été bien pourtant. Mais c’était plutôt R comme « Raccourci Repoussant », ou « rançon », ou « rapacité ». La zone R. était un raccourci à ne prendre qu’en dernier recours. R comme reclus, telle était l’origine exacte. On classait R. tous ceux qui perturbaient, ou essayaient de changer le monde et les pensées des masses, car « Un être humain qui pose des questions, remet en cause le système, ou cherche a le renverser est un danger pour la société civilisée. A avait grandi au milieu des utopistes, qui prônaient la phrase « si on te frappe la joue gauche, tends la droite ». Lui, trouvait cela stupide et rejoignit un groupe d’agitateurs un peu plus « actifs ». Il ne savait pas grand-chose des autres zones sinon qu’elles devaient être très belles. Lui, fils de R., n’y avait pas accès. Il ne connaissait que sa zone, la zone des rebelles.
B.
B. « C’est pas un nom ça, B ! » Mais ses parents n’avaient rien trouvé de mieux. B comme bannis. Quand on naît dans la zone P, on a rarement un nom normal. La zone P était réservée aux fous. Et il était fils de fous. En fait, on l’avait appelé B parce que ses parents avaient vécu en zone B. Il paraît que cette zone était assez jolie, bien construite, cependant, là-bas, il fallait « travailler ». Ici, en zone P., on faisait ce qu’on voulait, mais on avait vite fait le tour de la zone. Au bout d’un an, rien a faire, on la connaît par cœur. L’ennui total. Des armes en libre-service. Pas pour s’amuser, jouer avec des balles a blanc. L’Etat avait placé ces armes afin de réduire le coût du maintient de la zone P. En effet, les fous voyaient ces armes comme une porte de sortie, et il n’était pas rare d’assister à un suicide. Mais B n’était pas fou. Et il était décidé a vivre. A vivre et a sortir de cet enfer...